Dernière mise à jour : 18/12/2024
Mise à mal par des modes d'exploitation de plus en plus industriels, la forêt se trouve actuellement au cœur d'enjeux climatiques et environnementaux, économiques et sociétaux majeurs.
La « sylviculture d'accompagnement » répond à la recherche d'une place plus juste avec la forêt. Accompagner une forêt invite à déployer une attention aux dynamiques forestières à l'œuvre depuis plusieurs millions d'années. C'est prendre en compte le plus finement possible ses puissances, ses besoins et les nôtres. Comme l'a exprimé Baptiste Morizot : « Quand on s'accompagne, on est tantôt derrière à suivre, tantôt devant à guider mais on ne sait pas trop qui contrôle, qui mène. Cela s'inverse, cela se distribue, on est toujours côte à côte et on avance ensemble… ». Un de ses objectif est d'apprendre à choisir les arbres que l'on veut récolter en préservant l'intégrité de l'écosystème forestier et la résilience de peuplements, à partir d'une observation fine du milieu et en cheminant avec les capacités de perception de chacun.e.
Dans ce cadre, l'approche de l'abattage par des outils non motorisés peut être prise comme une première étape vers l'autonomie dans le bûcheronnage. Les haches et passe-partout sont alors un potentiel pédagogique intéressant. En l'absence de tronçonneuse, le travail autour de l'arbre s'effectue à plusieurs, dans le calme et sans précipitation. Le groupe se relaie, peut échanger sur les gestes, l'ergonomie des positions, prendre le temps de comprendre la structure du bois, ses tensions, sa résistance. Cette approche permet une compréhension plus précise de la géométrie d'abattage. Elle permet de gagner en confiance et facilite grandement par la suite l'usage de la tronçonneuse en condition d'abattage.
Par ailleurs, certains artisans du bois sont aujourd'hui intéressés pour récolter par eux-mêmes le bois qu'ils utilisent. Parce qu'ils se situent en aval de la filière, ils peuvent valoriser économiquement le bois – matière brute – via sa transformation (en charpente par exemple). Ils sont donc moins tenus par des impératifs de rendement, sur le temps du chantier forestier, que les entrepreneurs de travaux forestiers. C'est aussi le cas de nombreux agriculteurs, ou auto-constructeurs, qui souhaitent valoriser leurs bois en toute autonomie. Dans ce cadre, être capable de récolter son bois sans utiliser de moteurs peut être un objectif en soi.
Dans le cadre d'une telle démarche de gestion forestière douce, et dans le contexte climatique actuel qui pousse à la réappropriation de savoir-faire décarbonés, la formation répond à un souhait d'exploration des alternatives à l'usage d'énergies fossiles en forêt, exprimé par de nombreux professionnels et anciens stagiaires. Mettre en place, même ponctuellement, des micro-filières de l'arbre à la poutre sans utiliser de moteurs, répond à une recherche de sens et de cohérence au sein d'une activité plus globale (agriculteurs, ETF, artisans).
Première d'une série de trois modules, suivie par « Initiation équarrissage à la hache » et « Initiation aux bases de la charpente en bois de pays », cette formation participe à la transmission des savoir-faire traditionnels mobilisés par la restauration des bâtis anciens et la construction traditionnelle. Ce faisant, elle permet la réappropriation de pratiques de base visant à gagner en autonomie pour de petits projets d'auto-construction (sur son exploitation, son atelier…).
Pour les personnes en recherche d'emploi ou en reconversion, elle permet la découverte de savoir-faire liés aux métiers de la forêt, pour confirmer une envie d'aller plus loin via une formation professionnelle. Pour les professionnels du bâtiment, elle enrichit la palette de leurs savoir-faire liés au patrimoine et la construction traditionnelle. Enfin, pour les agriculteurs et les autres professionnels auto-constructeurs, elle intervient comme un levier d'autonomisation pour la récolte et la valorisation des bois issus de leurs exploitations ou de leurs territoires, à partir d'outils manuels.
Les objectifs pédagogiques visés sont :
Conformément au Décret n°2006-26 du 9 janvier 2006 relatif à la formation professionnelle des personnes handicapées ou présentant un trouble de santé invalidant, pris en application de l'article L. 323-11-1 du code du travail, des adaptations peuvent être mises en place pour faciliter l'accueil de stagiaires en situation de handicap, selon la nature du handicap.
Toute personne concernée par ce décret est invitée à prendre contact avec le responsable de la formation. Contactez-nous dans ce sens le plus tôt possible, car plus nous aurons connaissance de vos besoins en amont de la formation et mieux nous pourrons vous proposer des adaptations pertinentes, le cas échéant.
Le programme indicatif se déroule sur 35 heures réparties sur 5 journées :
Le matin, départ du lieu d’accueil 20 min avant, pour accéder à la parcelle et commencer à 9h. Fin de chantier à 17h pour être rentré·es à 17h30.
Jour 1
Matin (en salle) :
- Accueil des participant·es, tour de table des situations personnelles des stagiaires, de leurs compétences et de leurs attentes, présentation du lieu qui accueille et des structures organisatrices, des intervenant·es
- Présentation et adaptation du programme de la semaine.
- Présentation de la forêt qui accueille la formation.
- Présentation des enjeux d'une approche globale de la gestion forestière douce et de la sylviculture d’accompagnement
- Découverte des principes de la sylviculture d’accompagnement et de la sylviculture irrégulière à couvert continu selon les valeurs du Réseau pour les Alternatives Forestières et de la Charte pour des Forêts vivantes.
Après-midi (en forêt) :
- Méthode de diagnostic de la parcelle forestière :
> détermination du potentiel stationnel (sol/climat),
> évaluation de l'état et de la dynamique des peuplements,
> identification des aspects écologiques et paysagers à préserver,
> détermination des coupes et travaux proposés, critères de sélection des arbres.
- Organisation d'un chantier d'amélioration en sylviculture d’accompagnement sans outils motorisés :
> atouts, contraintes, critères de choix des techniques et matériels, coordination des interventions
- Un abattage collectif à la hache et au passe-partout pour transmettre les bases du bûcheronnage (règles de sécurité, géométrie d'abattage) et du maniement des outils.
- Application des principes du cubage.
Jour 2 (en forêt)
Matin :
- Choix collectif des arbres à prélever, approche des principes de cubage et de la valeur des bois.
- Préparation du chantier de récolte : planification des travaux, organisation spatiale, contraintes d'abattage pour limiter l'impact sur l'écosystème, s'adapter au terrain et au débardage par traction animale.
- Mise en œuvre d'un chantier d'amélioration en sylviculture d'accompagnement sans outils motorisés :
> Apprentissage et mise en pratique de la visée et de l'orientation de la chute des arbres.
> Apprentissage et mise en pratique des différents modes d'abattage, de billonnage et de façonnage.
Après-midi :
- Mise en œuvre d'un chantier d'amélioration en sylviculture d'accompagnement sans outils motorisés :
> Apprentissage et mise en pratique de la visée et de l'orientation de la chute des arbres.
> Apprentissage et mise en pratique des différents modes d'abattage, de billonnage et de façonnage.
Jour 3 (en forêt)
Matin :
- Mise en œuvre d'un chantier d'amélioration en sylviculture d’accompagnement sans outils motorisés :
> Apprentissage et mise en pratique de la visée et de l'orientation de la chute des arbres.
> Apprentissage et mise en pratique des différents modes d'abattage, de billonnage et de façonnage.
Après-midi :
- Théorie de l’abattage directionnel – questions/réponses
- Entretien du matériel non motorisé, affûtage
Jour 4 (en forêt)
Matin :
- Principes de la sylviculture d’accompagnement
> Comment affiner son regard en forêt
> Choix des arbres à récolter : exercice de mise en situation en petit groupe
Après-midi :
- Mise en œuvre d'un chantier d'amélioration en sylviculture d’accompagnement sans outils motorisés :
> Apprentissage et mise en pratique de la visée et de l'orientation de la chute des arbres.
> Apprentissage et mise en pratique des différents modes d'abattage, de billonnage et de façonnage.
> Enjeux et principes du débardage en traction animale.
Jour 5 (en forêt)
Matin :
- Mise en œuvre d'un chantier d'amélioration en sylviculture d’accompagnement sans outils motorisés :
> Apprentissage et mise en pratique de la visée et de l'orientation de la chute des arbres.
> Apprentissage et mise en pratique des différents modes d'abattage, de billonnage et de façonnage.
> Initiation à d’autres méthodes sur des cas particuliers : mouflage pour contraindre la direction de chute, utilisation des poulies, câbles, techniques de désencrouage.
> Observation du débardage en traction animale et façonnage
Après-midi :
- Rangement du chantier
- Échanges avec les stagiaires sur leurs contextes individuels et les possibilités d'appliquer ces pratiques innovantes dans leurs pratiques professionnelles en forêt.
- Synthèse de la formation : résumé des points clés, questions-réponses et compléments d'information.
- Évaluation de la formation et des compétences acquises par les stagiaires (tour de table, questionnaire de satisfaction et grille d'autoévaluation).
Le programme est donné à titre indicatif. Le contenu de la formation et les méthodes proposées seront adaptés aux attentes des stagiaires, à leur niveau de connaissance et d'expérience concernant la thématique proposée, tout en respectant les objectifs pédagogiques définis.
La formation est accueillie par l'Ecolieu de la Maillerie. Récemment installé dans un ancien moulin à chanvre, le collectif souhaite gagner en autonomie pour prendre soin de 2 hectares de bois (chênes, aulnes) et quelques linéaires de haies bocagères, afin de produire du bois de chauffage et éventuellement du bois d'oeuvre.
Le collectif de la Maillerie proposera plusieurs formules d'hébergement, et offre la possibilité de préparation collective des repas sur place (détails ultérieurement).
L'outillage et le matériel pour bucheronner sont mis à disposition par les formateur·ices – sauf les équipements de protection individuelle.
Les stagiaires sont invités se munir de vêtements de travail chauds et de vêtements de pluie. Conformément au règlement intérieur, ils sont responsables d'amener et de porter leurs équipements de protection individuelle - casque de chantier, chaussures de sécurité (anti-coupure), pantalon de sécurité (anti-coupure), gants. Ces équipements sont obligatoires pour accéder à la formation même pour le bûcheronnage en non-motorisé. Si certains équipements vous manquent, merci de contacter le formateur en amont de la formation.
Dans une recherche de découverte plus complète de la transformation et de la valorisation des bois, cette formation peut être suivie par les modules « Initiation équarrissage à la hache » et « Initiation aux bases de la charpente en bois de pays » programmés au printemps 2025 en Ariège.
Cette formation est proposée intégralement en présentiel, sur le terrain, en séances collectives ou par petits groupes. La formation met l'accent avant tout sur les apprentissages pratiques et concrets, sur le terrain, en s'appuyant sur la forêt qui nous accueille.
Les formateur·ices proposent des présentations orales, des documents illustrés (fiches explicatives), des démonstrations et des exercices pratiques sur chantier-école. Elle et il facilitent le partage d'expérience entre les participant·es. Une grande place est laissée à l'observation et à l'immersion.
En début de formation, chaque stagiaire fera le point sur ses pratiques et son expérience, et pourra exprimer ses attentes et besoins, à travers un tour de table.
En fin de formation, un nouveau tour de table permettra à chaque stagiaire de partager son point de vue sur les objectifs atteints, d'exprimer sa satisfaction et ses propositions d'améliorations pour contribuer à l'évaluation globale de la formation.
Une fiche d'auto évaluation permettra à chaque stagiaire une évaluation de ses progrès, les savoirs et savoir-faire acquis.
L'évaluation globale de la formation sera consolidée par un questionnaire de satisfaction écrit, postérieur à la formation.
Bûcheronnage (abattage, façonnage, écorçage) Gestion forestière
Clément Délis s'est formé au bûcheronnage auprès des paysans-forestiers de Longo Maï Ardèche à Treynas et auprès de différents bûcherons. Depuis bientôt 8 ans il co-anime des formations de sylviculture d’accompagnement et de bûcheronnage dans la forêt départementale de Rohanne (44) au sein de l’association Abrakadabois. Ça fait 4 ans qu'il expérimente le bucheronnage non-motorisé comme support pédagogique. Il habite actuellement en Dordogne, et coordonne avec Hélène Copin et deux autres bûcheronnes un projet de réseau de compagnonnage forestier.
Bûcheronnage (abattage, façonnage, écorçage) Gestion forestière
Depuis 2021, Clara Warscotte se forme au bûcheronnage au cœur des forêts limousines auprès de bûcherons et bûcheronnes. En parallèle, elle organise des formations d'initiation au bûcheronnage et à la gestion à couvert continue dans le nord de la Corrèze, avec le groupe forêt du Syndicat de la montagne limousine. Après avoir suivi la formation de l'école des Renardes, elle a obtenu mon CAP de charpente traditionnelle en juin 2024. Aujourd'hui, elle rejoint l'équipe pédagogique du compagnonnage de bûcheronnage Forester Groupées, pour acquérir une expérience plus fine dans la transmission et l'accompagnement des groupes en formation.